Bienvenue...

Ici, vous verrez une belle expérience que j'ai vécu dans un petit endroit charmant que je ne connaissais point. C'est une exposition faite à Bras, près d'Aix en Provence, pour laquelle j'ai participé. J'ai écrit des textes inspirés par des tableaux de Louis Rocquin, exposé dans la partie "peintres" de ce site. Vous y verrez aussi des céramiques de Régine, artiste du Sud Est.

Alors une bonne visite à vous.

 

L'exposition était situé d'anciennes cuves à vin.

 

 

 

Les céramiques de Régine

 

 

 

Et enfin les toiles et les textes de Louis Rocquin et de moi-même.

 

Thé à la menthe


Dans mon pays de sable,
Loin des immeubles et des câbles,
Demeurent encore des coutumes,
Qui se boivent, se mangent, se fument.

Depuis des générations,
On remplit la Casbah,
D'amis de la région,
Pour goûter du tabac.

On se retrouve les après-midi,
Après le travail, à l'abri,
Le soleil frappe sur les murs,
Blancs comme nos vies pures.

On s'y passe le narguilé,
Au goût de pomme ou épicé,
Lentement les volutes fumées,
Se mêlent à l'odeur du thé.

Mon père tout comme le sien,
Aimait beaucoup ces habitudes,
Ces moments ou l'on est bien,
Reposé d'un matin rude.

On se retrouve quelques temps,
Dans nos jardins orientaux,
La menthe cueillie à l'instant,
Tournant dans les verres chauds.

Cette menthe intemporelle,
Qui tout comme les miens,
Vivra tant que sera le ciel,
Dans le désert saharien.

Un cierge en hiver.


Fond, fond,
Cire blanche,
Comme la graisse
À mes hanches,
Demain tu seras le cierge,
Posé au pied de la vierge.

Fond, fond,
Cire blanche,
Comme la graisse,
À mes hanches,
Encore un sacré hiver,
Et réchauffer notre père.

Fond, fond,
Cire blanche,
Comme la graisse,
À mes hanches,
Qui les repoussait en vain,
Sauf le curé d'Aix-les-Bains.

Père

Dans la chine profonde,
Au communisme épanoui,
Aux montagnes à la ronde,
De Tibet ou Mongolie,
Viennent de partout dans le monde,
Un grand nombre d'esprits.

Des fantômes de songes,
Des animaux ébahis,
Qui dans les rêves rongent,
Nos miettes de soucis.

Dans la chine étrange,
Volent des oiseaux,
Certains sont des archanges,
Et montent très très haut.

Mon père fait partie d'eux,
Et vient de bien loin,
Une terre de feu,
Cultivée des Indiens.

Il a toujours voulu être,
Un oiseau paradisiaque,
Il suivait à la lettre,
Le bouddhisme et ses actes.

Et je sais que c'est lui,
Qui vient voir mon enfant,
Voir s'il a grandi,
Si poussent ses dents.

Il vivait sur terre, il faillit y rester,
Par delà la mort, par delà ses regrets,
Mais le plus beau des cadeaux qui lui fut donné,
C'est d'être un oiseau et de pouvoir voler.


Au Nord.


On aperçoit des corons,
Ces grandes habitations,
Noires comme le charbon,
Pour des vies sans raison.

Chaque jour à la mine,
Dans les rues du matin,
Les regards s'illuminent,
Sur d'autres gens de rien.

Juste un peu moins de suie,
Sur leurs abris, sur leurs mains,
Juste un peu moins de suie,
Et moi, je regarde leurs destins.

Leur destin qui fuit,
Le charbon ne vaut rien.

À ma fenêtre, les corons se meurent,
Chaque année, chaque saison,
La ville doucement pleure,
Pour qu'on lui rende pardon.

Tout est modernisé,
Le travail se perd,
Et demain sera fermée,
La mine sous cette terre.

On apercevait des corons…

Le marin


Laisser tout,
Sa femme et son toit,
Pour se retrouver là…

L'eau, rien que de l'eau,
autour de moi.

Le temps à ma barbe,
L'heure sur mes rides,
Et ce doux vent acide,
Chaque année, chaque vide,
Comme un manque dans ma vie.

Le goût du sel point dans mon lit,
Le silence du ciel, la mer et ses bruits.

Ici, loin de tout, loin de l'homme,
A pêcher le matin,
Les après-midi de sommes
Manger de nos propres mains,
Et n'appartenir à personne,
Comme à personne,
Moi-même je n'appartiens.

Vivre dans le silence,
Vivre sur l'horizon,
De courses à l'espadon,
Qui sur les vagues s'élancent.

Vivre tout simplement,
Près de la nature, du bleu,
Que la nature nous tend,
Le plus beau des Dieux.

L'océan…


Rouge


Le sang de la naissance,
La braise sur nos joues,
Le rouge en apparence,
Excite les plus fous.

Un cigare se détend,
À des lèvres colorées,
Rouge, comme le sang,
Qui coule de mon nez.

Le sang de ma mort,
Comme la braise dans le pot,
J'ai fini par mauvais sort,
Pour elle, dans l'étau.

Rouge comme la vie,
Ses dentelles étourdies,
Rouge comme le diable,
Cette femme à peau d'érable.

À la place des cornes,
Elle a juste un cigare,
Brûlant les amours mornes,
Causant des départs.

Un havane se pavane,
Pour d'autres à sa bouche,
Et mon corps se décharne,
Mis entre quelques souches.

Ma Luce

Dans les débris de ma conscience,
Les souvenirs qui s'accrochent,
Je revois ma douce enfance,
Sans oublier toutes ses caboches.

Il y avait Louis et puis Laurent,
La Mélanie, son mal de dents,
Le maître d'école non souriant,
Foulard rouge, collier naissant.

Dans ces débris qui me font moi,
Une chose que je n'oublierai pas,
C'est Luce et ses yeux de chats.

Je lui construisai des cabanes,
Dans les bois de mon village,
En espérant qu'elle m'y rejoigne,
A certains jours d'orage.

Je lui faisais des colliers,
De marguerites empilées,
Dans un joli fil de pêche.

Nous allions même nous promener,
Les pieds nus dans la forêt,
Ou dans la rivière fraîche.

Je lui écrivai des poèmes,
Avec des tiges de cyprès.
Pour lui dire je t'aime.

Et puis elle m'a quitté,
Ce fut ma plus grande peine.
Son père partant travailler,
Dans une ville italienne.

Et la vie oublie son enfance,
Elle ne retient que le pire,
Un pauvre chemin d'errance,
Et quelques souvenirs…

La petite fille et le pot au lait.

Je me souviens de mon enfance,
Toutes ces bêtises accumulées,
Les pots de fleurs qu'on lançait,
Sur les gros chats du quartier.

Je me souviens de mes vacances,
Où dans la rue les gens pressés,
Recevaient devant leurs pieds,
Des ballons d'eau gonflés.

Je me souviens, je me souviens,
Chaque jour ou je riais,
Chaque blague, chaque méfait,
De cette vie si animée.

Je me souviens de certaines bottes,
Aux amis à mes parents,
Déposées devant la porte,
Certains soirs d'hiver blanc,
Et avant qu'ils ne sortent,
Pour repartir aux champs,
J'y mettais des souris mortes,
Ou des lézards vivants.

Je prenais des claques,
Parfois même je pleurais,
Mais de quelconque attaque,
Grand Dieu je me moquais !

C'était en toute impunité,
Une belle vie animée.
Mais ce que je préférais,
C'était le coup du pot de lait.

Je n'attendais jamais le goûter,
Et je buvais tout ce qu'il y avait,
Maman voulait me gronder,
Mais c'est le chien qui prenait.

C'est moi qui le dénonçait.

J'étais bien trop sérieuse dans mon enfance,
Du moins, c'était une apparence.

 

Vivre pour les autres

C'est dans une maison de pierre,
Minuscule, sans lumière,
Que vit la comeluz.

Récitant des prières,
Contre le mal sur terre
La maladie abuse.

Dans son antre à l'odeur de vin
Saucisson, ail et presque rien,
Une table de bois, un petit chien,
Et la clarté brûlant ses mains.

Cette même clarté qui soigne les siens.

Un don comme un labeur,
Guérissant les plaies,
Apaisant les cœurs.

Un don qui la rend sœur,
De notre communauté,
Malgré ses leurres.

Mais elle reste écartée,
Sorcière elle paraît,
Et qu'à jamais dans son assiette,
La lumière se reflète.

Une lumière qui nous soigne encore,
Même si pour elle le prochain sort,
Sera l'heure de sa mort.


Avoir envie d'elle : la vivre

Toucher son doigt.
Juste son doigt.
Le reste n'est que le prolongement.
son doigt suffira.
C'est sa peau, ses frémissements, c'est son corps.
Juste son doigt.

Avoir envie de sentir,
sentir les draps sur son dos, le matin.
Sentir l'odeur du soleil qui se pose sur ses reins.
Sentir son parfum, son cou, sensuellement.

Y ajouter un toucher, juste un toucher,
l'effleurement d'un ongle,
l'ombre d'un baiser.

Juste un soupçon.
Ne rien dissimuler.

Avoir envie de toucher,
Tout ce qui lui appartient,
Son sourire,
ses yeux cernés ou malsains,
Avoir envie de donner la corne de mes mains,
la bousculer avec entrain,
La prendre et puis...

Avoir envie de baiser.
Que dis-je ?
L'étreinte d'un corps mouillé.
Avoir envie de baiser ce corps,
pur, beau, émouvant qui se laisse aller.
Avoir envie de tout.
Avoir envie d'elle,
Juste elle,
Et rien d'autre...

L'attente


Dans ses nuits étripées,
Aux abris des regards,
Elle se levait en vain,
Pour échapper au noir.

Une chandelle à la main,
Pas à pas dans le couloir.

Priant son homme serein,
Face aux troupes barbares.

Et dans ses nuits assassines,
Aux abris des regards,
Entre quelques lignes,
Elle cherche un espoir.

Chaque rêve où elle panse,
Les plaies de son mari,
Dans un univers immense,
De guerres et de furie.

L'hiver est froid,
La chandelle brûle,
La nuit est là,
Au crépuscule.

Une nuit noire tel ce brouillard,
De chair, de sang et de hussards,
Qui répandent sur tous les fronts,
L'aveuglante poudre à canon…

Le jardinier


L'envie est toujours là.

Dans la serre qui orne mon cœur,
Des notes dansent en sueur,
De jolies croches épanouies,
Sur les cors de ma vie.

Comme un silence amoindri,
Un frôlement de corde,
Un violon sans répit,
Apaise une horde.

Juste mes doigts,
Solfège, archet,
Et jouer tout bas,
Répandre la beauté.

Juste mes doigts,
Et rien de plus,
Pour égayer lilas,
Rose ou crocus.

Dans la serre qui orne mon cœur,
Les fleurs prolifèrent,
Et survolant les heures,
Je joue sous du verre.

Ceci est mon doux labeur,
Que j'exerce tout l'été,
Pour adoucir la chaleur,
Car je suis jardinier...

Le cap soleil.


Une île aux rêves ensoleillés,
Aux nuits tendres caressées.

Une péninsule faite de miel,
Aux goûts acides d'airelles,
parfums doux et sucrés.

Tout y est quiet.

Une île qui m'attend là-bas,
Entre les fruits et les acras,
Une île à la courbe du diable,
Jolie femme à peau d'érable.

Une île que j'espère,
Comme retrouver une mère.

Et rien de plus.

Rien de plus que son goût,
Aux épices enivrantes,
De cumin, de sucre roux,
À ma bouche béante.

Une île au vent doux,
et celle qui me hante…


Le petit-déjeuner.

Qu'il est bon de poser,
Vos yeux tout repliés,
sur une tasse de café.

Sentir légèrement s'élever,
Sur vos joues tétanisées,
Des volutes sucrées.

Frémir de la chaleur,
Posé sur votre visage,
De grains ayant l'odeur,
De ces lointains rivages.

Qu'il est bon de patienter
Jusqu'au vrai réveil,
Devant une tasse de thé,
Et tartines groseille.

Goûter et penser,
À la journée qui commence,
Juste regarder,
La cuillère qui danse.

Seulement apprécier,
Le matin qui s'élance.

Et enfin vous réveiller
Sous le feu du soleil,
Grâce à un bon café,
Une douce merveille.

LA PETITE FILLE AUX OISEAUX

Je m'appelle Avis*,
Un joli petit nom,
Que m'a donné Clarisse,
Car je parle aux pigeons.

Je n'ai pas de papa,
Ni même de maman,
Clarisse est tout pour moi,
Je suis comme son enfant.

C'est elle qui m'a élevé,
Car je n'ai pas de famille,
J'ai été un jour retrouvée
Sur les trottoirs de la ville.

Et je m'appelle Avis,
Je suis la fille de Clarisse,
Me promenant toute la journée,
Vêtue de ma robe de fée.

Et si les gens me dévisagent,
Si souvent ils rient tout haut,
Je ne suis jamais en rage,
Car je parle aux oiseaux.

Ils me racontent leurs voyages,
Leurs jeux avec le vent,
L'homme, lui, reste toujours en cage,
Pour échapper au temps.


" Avis : oiseau en latin. "

Métal enfanté.

Mes mains sont des scies,
Mes doigts sont des flammes,
D'un coup de folie,
s'épanchent sur ma lame,
Multitudes d'outils,
pour forger des tas d'âmes.

Des objets incompris,
Le métal se décharne,
dans mes mains et ses plis,
poussent des vies en vacarme.

ça tape, ça frappe et ça fond,
Que le fer me demande pardon,
Je n'ai jamais rien fait,
Juste sculpter de l'acier.

Ainsi je vais, c'est ma raison,
de faire vivre dans cette maison,
d'immenses boutures grisées,
Les seuls enfants à qui parler.

La forge ne plaît plus vraiment,
Ni même les hommes de talents…

Mon enfant

Naître ici,
mais naître avec la peur.

Côtoyant les maladies,
les mauvaises odeurs,
La colle brûlant les narines,
De cette ville assassine.

Naître ici,
quand on naissait bien,
mais tout est fini,
ne reste que la faim.

Il n'y a pas d'habitats,
ni même un peu d'eau,
la pluie nous tend les bras,
les enfants sont des rameaux.

Séchés, brûlés par le soleil,
Et cette vie ou un rien se deale,
Ne pas grandir, juste qu'on raye,
nos pauvres corps du bidonville.

Les couloirs

Il y a les couloirs du temps,
que l'on touche des doigts,
qui nous rentre dedans,
la poussière demeure là,

Tout comme toi mon amour.

Il y a des couloirs, pareils à certaines rues,
interminables, sans suite,
Où le corps se sent nu.

La pierre s'y effrite,
tout comme nos cœurs si souvent,
trop souvent s'y irritent.

On cherche à travers ses revenants,
comme un labyrinthe nous prenant tout,
les amis, les envies, les amants,
et cette vie qui nous rend fou.

Tout comme toi mon amour...

 

 

Lire.

Lire du bout de sa barbe,
mouvementée par les rides de la bouche,
ou chaque ligne en silence se garde,
cachée sous les lèvres qui se touchent.

Lire dans le silence et la flamme,
Bougie qui va, bougie qui ombre,
Les lignes volent, les lettres rament,
Sur une page aux allures sombres.

Lire pour la joie,
Lire pour le voyage,
Ne pas bouger de chez soi,
Et partir à chaque page.

Lire comme on lit notre vie,
Lire comme un immense récit,
Cette chose qui nous touche profondément,
Cette vie qui finalement, nous ressemble tant.

Lire, et s'y reconnaître…